Claire :
Propriétaire et Apicultrice
À la fois propriétaire Gîtes de France® et apicultrice, Claire travaille en binôme avec son mari Thomas. Ils habitent en centre Bretagne et sont les heureux propriétaires d’un hameau dans lequel ils ont réalisé des hébergements touristiques écologiques. Ils proposent à la location des chambres d’hôtes et une Tiny House insolite sur le thème des abeilles pour un séjour déconnecté en pleine nature.
Quand on est dans l’univers des abeilles, on est forcément pour la préservation de la nature et de l’environnement. On veut en même temps promouvoir un tourisme responsable.
L'interview
Comment avez-vous débuté vos activités ?
Ça a été un début d’activité par le biais de rencontres, de coïncidences et de belles aventures qui nous sont arrivées. Notamment la rencontre avec mon mari Thomas. Mais ça a été au préalable un coup de coeur pour la région, pour son côté très vert, très nature. C’est un peu tout ça qui a fait que l’on a réussi à créer ce lieu, à lui redonner vie.
Pouvez-vous nous parler de votre activité d’apicultrice ?
J’ai baigné dans cette activité étant petite. Mon père m’a emmené visiter les abeilles quand j’avais peut-être 10 ans. Ce n’est pas quelque chose que j’avais en tête comme un métier, mais plus comme une continuité de ma vie. Cela s’est fait aussi par la rencontre avec Thomas, qui voulait devenir apiculteur. Nous avions les mêmes envies, les mêmes objectifs. Moi j’avais le lieu, lui avait l’objectif professionnel. Et puis, on a fait un peu de magie, et on s’est retrouvés à être tous les deux apiculteurs. On avait quand même cette envie forte d’accueillir les gens sur place, de ne pas faire que de l’apiculture mais de la transmission.
Quelles sont les valeurs qui vous animent et que vous essayez de transmettre ?
Quand on est dans l’univers des abeilles, on est forcément pour la préservation de la nature et de l’environnement. On veut en même temps promouvoir un tourisme responsable. Ce sont des thématiques qui maintenant émergent de plus en plus, mais nous étions déjà dans ces principes d’écotourisme et de slow tourisme : observer, ressentir, prendre le temps. On voulait que les gens vivent avec cet environnement.
Combien avez-vous d’abeilles et de ruches ?
Nous avons sur le hameau quelques ruches et un rucher pédagogique. Nous faisons visiter les ruches aux voyageurs, s’ils le souhaitent. En tout, nous avons plus de 200 ruches. C’est un minimum pour être professionnel. Donc ça fait des millions d’abeilles tout autour de chez nous, dans les 30 km maximum. C’est un principe écologique que l’on s’est fixé, de ne pas augmenter nos déplacements. On voulait faire du local avec les producteurs, les propriétaires de domaines… On essaye de créer un lien humain avec les personnes qui vont accueillir nos ruches sur leur terrain. C’est ça aussi l’enjeu de l’apiculture aujourd’hui.
Quels sont les produits que vous tirez de vos ruches ?
Le plus connu, c’est le miel. On peut en faire des assez différents, même localement (fleurs de ronces, chataîgniers, blé noir, bourdaine…). On va pouvoir après transformer ce miel : l’intégrer dans des pains d’épices, des nougats, des bonbons au miel… Nous travaillons avec des entreprises locales et leur savoir-faire. Le deuxième produit, c’est la propolis. On va placer des grilles dans les ruches et les abeilles vont boucher tous les petits trous de cette grille avec de la sève qu’elles récupèrent sur les arbres et qu’elles transforment avec la cire. C’est quelque chose d’extraordinaire, qui est connu depuis les égyptiens. C’est un super désinfectant, génial pour notre système immunitaire. On peut en faire de la poudre, l’intégrer dans du miel pour faire de la pâte à tartiner… Mais nous ne produisons pas de gelée royale, car c’est un problème éthique, le procédé risquant d’épuiser la ruche. On pourrait aussi extraire du pollen : les petites boules jaunes que les abeilles récupèrent sur les fleurs et qu’elles ont sur les pattes.
Vendez-vous vos produits aux personnes qui séjournent chez vous ?
Oui, on fait de la vente directe à la ferme. C’est même la première chose qui nous motive : que les gens puissent voir où l’on fabrique notre miel, en totale transparence. Pour les enfants qui n’ont jamais vu ça, c’est très intéressant. On ne s’attend pas à ce que les gens achètent nos produits à chaque fois qu’ils viennent dormir chez nous, mais ça nous fait tellement plaisir quand ils repartent avec un produit qu’ils ont aimé.
En fait, on veut donner la réalité : “voilà toutes les étapes qu’il faut pour avoir une cuillère à café de miel”. C’est le travail d’une vie d’abeille. Une seule abeille = une cuillère à café de miel.
Pouvez-vous nous parler de vos logements éco-responsables ?
Notre activité a démarré en 2015, et on a tout de suite mis en place le mode de vie écologique. On avait en ligne de mire de construire une petite maison écologique avec les matériaux les plus locaux possibles. C’est ce qu’on a fait en 2020 avec l’arrivée de la Tiny House Ty gwenan (en breton : maison de l’apiculteur) construite par une entreprise locale aux pratiques écologiques. Nous avons utilisé pour l’isolant ce qu’on appelle le Métisse : des vêtements broyés des bennes relais. Quand les gens déposent des vêtements, tous ne sont pas réhabilités. Certains vont être broyés pour en faire des gros rouleaux et les mettre en isolation. C’est hyper efficace, et local. Nous avons aussi utilisé un parquet de bateau recyclé et mis en place des toilettes sèches, qui font partie de l’écologie circulaire au sein du hameau.
C’est une marche en avant à partir de ce logement, et on ne va pas s’arrêter là. Au lieu d’essayer de rénover un bâti de pierres, on se consacre plutôt à des petits volumes, potentiellement “enlevables”, pour qu’il n’y ait pas d’impact à long terme sur le sol et l’environnement où l’on se trouve.
Comment vos clients peuvent-ils participer ou en apprendre davantage sur l’apiculture ?
Nous avons mis plusieurs choses en place, notamment un jeu de découverte en autonomie. Il va falloir, en famille ou entre enfants, découvrir plusieurs panneaux disséminés dans les coins du hameau. Cela peut être des anecdotes du patrimoine, des légendes… mais en fond de carte c’est quand même l’apprentissage de l’écologie autour de l’abeille.
Il y a ensuite la visite de la miellerie, où l’on prend toujours le temps sur demande d’expliquer ce que l’on fait. Le troisième volet pour aller toujours plus loin dans l’immersion, c’est d’aller faire visiter les abeilles en tenues d’apiculture lors d’un baptême.
Pouvez-nous nous parler de durabilité et de protection des abeilles ?
Les abeilles sont au centre de l’attention depuis cette dernière dizaine d’années. On a vu des disparitions un peu soudaines. Cela concerne les insectes en général, mais les abeilles sont un peu le porte-drapeau. On parle d’espèce parapluie : en protégeant l’abeille, on protège tout un ensemble de choses. Et puis l’abeille a quand même une bonne image. Ce n’est pas qu’un insecte qui pique, il donne quelque chose de précieux depuis des millénaires.
Avez-vous un dernier mot à nous partager ?
Chaque choix que l’on fait dans sa vie a des conséquences. Mais je l’aborderais de manière positive. Choisir un logement ou un lieu de vie écologique, ce n’est pas contribuer juste à ce lieu mais à tout un réseau derrière. Donc quand on choisit des vacances, il faut qu’elles soient les plus responsables possibles. C’est un acte au-delà du tourisme.
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